La trahison du groupe Lactalis envers les éleveurs français
L’annonce de Lactalis de réduire de 9 % sa collecte de lait en France d’ici 2030 a provoqué une onde de choc chez les producteurs laitiers. Cet acte de trahison de la part du leader mondial des produits laitiers augmente la mise en concurrence déloyale des éleveurs français.
Lactalis réduit sa collecte de lait : une menace pour les producteurs français
Le groupe justifie cette réduction par la hausse des coûts et la volatilité des prix sur les marchés mondiaux, prétendant qu’il ne peut plus absorber tous les volumes collectés en France. En réalité, cette posture masque une stratégie de maximisation des profits en délaissant la production nationale plutôt que de soutenir les éleveurs français. Lactalis préfère importer du lait à bas prix, alors que le groupe affiche une croissance de 4,3 %, atteignant 29,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023.
Concurrence déloyale et risques pour la souveraineté alimentaire
Cette stratégie met les éleveurs français en concurrence avec les producteurs d’Europe de l’Est ou d’Irlande, où les coûts sont bien inférieurs. La manœuvre est d’autant plus choquante qu’en avril dernier, les éleveurs avaient accepté une nouvelle formule de calcul des prix, supposée stabiliser la collecte. Aujourd’hui, cet accord semble n’avoir été qu’une étape pour préparer ce désengagement en réduisant sa collecte.
Lactalis met en péril la souveraineté alimentaire de la France. Jadis une grande puissance laitière, notre pays risque de tomber sous le seuil d’autosuffisance d’ici 2027, augmentant ainsi notre dépendance aux marchés internationaux pour des denrées de base telles que le beurre, le fromage ou la crème. Cette situation nous expose à la fluctuation des prix et à des risques de pénurie.
Plutôt que de chercher uniquement à maximiser ses profits, Lactalis devrait contribuer à la stabilité de la filière, au maintien des exploitations et à la préservation du tissu agricole. Sa stratégie trahit une vision court-termiste, très éloignée de l’intérêt général. Face à cette menace, les pouvoirs publics et les consommateurs doivent réagir.
Nous devons soutenir la filière laitière
Les discours de la nouvelle ministre de l’Agriculture doivent être suivis d’actes concrets : garantir des prix justes pour les producteurs, imposer la transparence totale sur les négociations commerciales, renforcer la traçabilité du lait pour éviter que les produits importés ne remplacent nos productions nationales dans les rayons. Les consommateurs, en privilégiant les produits issus de circuits courts ou de marques locales, peuvent également contribuer à soutenir les éleveurs français.
Il est urgent de rééquilibrer les relations entre producteurs, industriels et grande distribution. Les distributeurs qui se posent en défenseurs du pouvoir d’achat doivent refuser les baisses de prix imposées par les groupes comme Lactalis et soutenir la valeur ajoutée française. Un modèle plus équitable doit émerger, où chaque litre de lait vendu rémunère dignement ceux qui l’ont produit. La ferme laitière française ne doit pas être la variable d’ajustement d’un marché mondial désincarné.